Santé : « À ce jour, il n’existe aucun traitement curatif contre le VIH/SIDA. » Prof. Abderrazzack Adoum Fouda

Une déclaration affirmant : « Je voulais montrer aux yeux du monde que je guéris le SIDA, mais au cas où je ne réussirais pas, vous pouvez faire de moi ce que vous voulez » est profondément irresponsable. Elle constitue non seulement une fausse information, mais aussi une mise en danger directe des personnes vivant avec le VIH (PVV), en risquant de les détourner de leur traitement médical.

À ce jour, il n’existe aucun traitement curatif contre le VIH/SIDA. La seule stratégie thérapeutique validée par l’ensemble de la communauté scientifique repose sur la prise rigoureuse et continue des antirétroviraux (ARV). Ces médicaments ne guérissent pas le VIH, mais ils permettent de supprimer la charge virale dans le sang, empêchant ainsi l’évolution vers le SIDA et réduisant considérablement le risque de transmission.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, Rapport 2023), « une personne séropositive qui suit un traitement ARV efficace et dont la charge virale est indétectable ne transmet pas le VIH à son/sa partenaire » (principe dit U=U : Indétectable = Intransmissible).

La revue The Lancet HIV (2022) souligne que l’adhérence à long terme au traitement ARV permet une espérance de vie quasi équivalente à celle des personnes séronégatives.

Une étude multicentrique publiée dans le New England Journal of Medicine (2021) a montré que les personnes vivant avec le VIH, sous traitement ARV efficace, présentaient une morbidité nettement réduite, avec un risque de progression vers le SIDA diminué de plus de 90 %.

Il est important de souligner que depuis 2007, le Tchad, grâce à l’appui de ses partenaires techniques et financiers, met gratuitement à la disposition des patients les antirétroviraux (ARV) dans les structures sanitaires du pays.

Cette politique nationale de gratuité du traitement antirétroviral constitue l’un des piliers majeurs de la lutte contre le VIH/SIDA au Tchad. Grâce à cette stratégie, des milliers de vies ont été sauvées et d’ailleurs, les patients qui observent correctement leur traitement témoignent aujourd’hui d’une nette amélioration de leur état de santé, d’une stabilité virale durable, et d’une qualité de vie préservée.

Ce progrès remarquable ne doit pas être compromis par des discours mensongers ou des promesses non fondées. L’expérience nous montre que chaque fois qu’un patient abandonne son traitement suite à des rumeurs ou à des illusions de « guérison miracle », il s’expose à des complications graves, voire à la mort.

J’adresse donc un appel :

  • Aux médias, publics et privés, de ne plus relayer ce type de déclarations, mais de renforcer la sensibilisation sur les bénéfices du traitement ;
  • Aux acteurs de lutte contre le Sida, d’intensifier la communication communautaire, les campagnes de proximité et les débats dans les radios locales, pour lutter efficacement contre la désinformation ;
  • À la société civile, d’accompagner les patients dans leur parcours thérapeutique, en relayant les messages validés scientifiquement.

En écho à l’alerte lancée ce matin par Dr Djiddi Ali Sougoudi, j’adresse un appel à toutes les composantes de notre société : unis, protégeons nos patients, respectons les preuves scientifiques et défendons la vie contre la désinformation.

Non aux rumeurs
Non aux charlatans
Oui à la vérité Oui à la santé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *