‎Tribune : S’il y a une réalité sur laquelle on serait tous d’accord en ce qui concerne nos politiques, c’est justement qu’ils communiquent mal», Souleymane Torbo‎

S’il y a une réalité sur laquelle on serait tous d’accord en ce qui concerne nos politiques, c’est justement qu’ils communiquent mal. Cette mauvaise communication se répète à chacune de leurs sorties, ce qui annihile tout ce qu’ils entreprennent ensuite. Quand ils parlent, on n’observe aucune cohérence. Dommage !

‎Pire encore : les sorties hasardeuses. Tellement nombreuses et fréquentes qu’elles ont tendance à être banalisées : on en fait un trend sur les réseaux en attendant la prochaine. Pourtant, quelques fois, c’est très grave : un ministre donne son point de vue là où il ne fallait pas, un autre vient tout remettre en cause. Pas de solidarité, pas d’éléments de langage, pas de conduite. Mais cela signifie qu’il y a un fossé derrière : soit le responsable ne connaît rien ou pas grand-chose, soit il est mal entouré et il ne fait que suivre.

‎La communication est parfois confondue avec le populisme, le “m’as-tu-visme”, et les campagnes électorales passées avaient été un cas d’école. Les politiciens, pas n’importe lesquels mais ceux-là mêmes qui sont maintenant aux affaires et « validés » par les électeurs, dans le souci d’élargir leur communication, se sont entourés complètement (ou presque) de créateurs de contenus TikTok.

‎Nombre d’entre eux, sans tomber dans le jugement, n’ont aucune connaissance ni maturité politique pour s’exprimer sur des sujets parfois sensibles. Ces créateurs sollicités sont parfois limite mineurs. Où est la morale ? On en parle de l’exploitation de la misère ? Bref, elles sont oubliée, renvoyée aux calendes grecques. Aucune directive, à ce sujet, du gendarme de la toile tchadienne l’ANSICE qui brille par un silence que lui seul détient le secret. Un silence qui inquiète et interroge plus d’un.

‎Le “m’as-tu-vu” de nos politiques est parfois couplé au suivisme. Résultat : des sorties qui durent un bon bout de temps. Le nombre de contenus sur le net en rapport avec les “maires et les curages de caniveaux” en est un exemple lamentable. À la place, on pourrait faire une campagne de curage où l’on communique au début (pour dire qu’on commence) et à la fin (pour montrer ce qui a été fait et en donner le bilan, etc.), et ce serait largement suffisant. Plutôt que de voir des bonshommes avec des Getzner se faire des photos de qualité douteuse.

‎Il convient de rappler que la communication s’apprend, et que faire appel à des professionnels est la meilleure manière d’éviter que ses prises de parole ne deviennent pas des sujets de moquerie sur les réseaux. Un coup de communication réussi respecte nécessairement le triangle essentiel de la communication politique. Celui-ci se repose sur trois piliers : l’apparence (image), le lieu ou le décor et enfin le discours, c’est-à-dire la parole et la voix.

‎Être aux affaires, c’est incarner un certain charisme. Les élites post-indépendance, et jusqu’à une époque récente, avaient cette qualité. Quand on observait le regretté Moumine Togoï Hamidi s’exprimer, on n’a pas besoin qu’on nous dise qui il est, parce que l’évidence suffit. Cela signifie que la personne qui occupe un poste doit l’incarner ou le galvauder mais actuellement, nous sommes sûrement plus proches de la deuxième option (s’il y en a). Nous avons des personnes qui savent à peine lire un discours, aux accoutrements qui ne répondent à aucune règle vestimentaire, mises à la tête des institutions et ministères importants. Il est urgent de corriger cela.

‎Si Bolloré, Trump ou Kagame dépensent des fortunes pour leur communication (360 degrés), c’est parce que, si elle est ratée, on rate tout le reste. Tout doit être pensé au millimètre près : de la façon de s’habiller au dernier mot à prononcer, voire au silence à garder, parce que parfois, même le silence « prend un sens », nous fait savoir Camus.

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