Société : Kabalaye, la rue princesse de NDjamena

Le phénomène de la prostitution, prend une tournure inquiétante à NDjamena et plus particulièrement au quartier Kabalaye, dans le troisième arrondissement de la capitale. Dans ce quartier chaud où les filles de joie s’en donnent à coeur joie , on y trouve de tout. Alcool, drogue, prostitution et tout ce qui porte atteinte aux bonnes mœurs. C’est comme dirait Beaudelaire, à la tombée de la nuit ,c’est le crépuscule du soir.

Une immersion sur une alerte des riverains du quartier nous a permis de constater l’étendue du capharnaüm. Un monde à part qui vit dans un total bazar où le plus vieux métier du monde se pratique dans le plus grand libertinage.

Cette enquête exclusive du Quotidien le Sahel, vous permettra de mieux comprendre la face cachées de l’iceberg.

Il est 23h05, ce mardi 1er avril. Et ce n’est pas un poisson d’avril. Nous sommes au quartier Kabalaye, la rue princesse de la capitale tchadienne.

Malgré la rareté de l’électricité dans une grande partie de la ville, ici, les néons et les lampadaires se disputent la vedette en éclairant les rues et ruelles du quartier.

Des vrombissements des engins à quatre et deux roues, la rue principale est animée et vivante, de longues queues constituées de personnes, certaines assises sur des chaises savourant les bières. Les décibels déchirent le ciel. Kabalaye, la rue princesse de NDjamena porte ici bien son nom. Après un mois de privation pour certains, ils renouent avec leurs habitudes de bons viveurs. Rien de plus normal.

Mais à côté, devant des concessions, un commerce peu catholique mais rituel se développe. Sans aucune gêne, des jeunes filles dont l’âge varie entre 20 a 25 ans, dans des tenues osées, sentant un parfum bon marché mais irrésistiblement attirants, guettent les clients. Elles s’appellent Clarice, Adama et Alice.

Ici, ni galanterie, ni les doucereux mots n’ont cours. Seuls, les billets de banque ont le dernier mot. Que tu sois beau ou baraqué, si tu es « inargenté », tu passe ta route. Ce n’est pas l’amour qui est recherché mais le blé.

Nous nous rapprochons d’une très belle fille, à peine 20 ans, qui a refusé catégoriquement de nous serrer la main, en lançant « De nos jours, on ne salue pas avec la main vide», nous lance Clarice.

Comme dans un marché de friperie, on fait le choix. Le prix fixé pour la cavalière d’une heure oscille entre 5000 et 2000FCFA pour la plupart, négociable en fonction du nombre d’heures à passer ensemble. Selon elles, c’est leur métier. Ainsi est fait leur quotidien et c’est avec ce commerce, celui de leurs corps qu’elles se nourrissent,se vetissent et s’acquittent de leurs loyers. Pendant que nous discutions avec notre interlocutrice,elle discutait aussi avec un client. Une vraie experte de son métier. Elle part avec son homme du soir,dans leur maison,dans le parage. A peine 10 minutes, elle réapparaît, voilà à la quête d’un autre client. Ainsi est sa routine, bravant tous les dangers.

Le VIH, les maladies transmissibles, elles les défient quotidiennement. « Je prends mes précautions. Mais il y a des hommes compliqués qui aiment le risque », avoue Adama, que nous avons rencontré.

Dans ce marché à ciel ouvert, certains hommes ne descendent même pas de leurs voitures, ils ciblent leurs proies et les happent d’un klaxon bruyant. Ils les embarquent pour d’autres destinations. Ici, le prix peut facilement doubler voire tripler.

Selon une source, la plupart des maisons constituées en maisons de passe dans le voisinage, appartiennent à des personnes bien aisés. Elles achètent les maisons et les reconstruisent en maisonnette, chacune est louée à 5000 par jour par les filles de joie pour leur propre business. Certaines personnes étaient obligées de vendre leurs maisons, car ces businessmen 2.0 du sexe leur proposent un bon prix.

Des pratiques qui mettent en difficulté l’approche du ministère de la Femme qui a initié un projet de l’insertion socio-professionnelle des filles de joie. Mokolo, Kabalaye et l’avenue Kondol ne se dépeuplent pas pourtant. Alice, Adama,Clarice et les autres, semblent résister et cèdent toujours au vice du plus vieux métier du monde.

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