Le sport tchadien connaitra-t-il la refondation tant prônée ?

Difficile pour tout le mouvement sportif d’y croire sérieusement. Surtout que le tout nouveau ministre en charge des sports, semble emboiter les pas de son prédécesseur, sans tirer les leçons du bref parcours de celui-ci.

Certes, l’administration est une continuité, dit-on. Mais la prudence aurait voulu qu’il s’enquière des résultats obtenus et vérifiât, si ceux-ci correspondent bien aux 2 chantiers et les 4 actions, prévus dans le programme politique du chef de l’état.
Pourtant, ce département ministériel, dominé par son aile jeunesse, interroge sur l’inclusion de sa partie sport. Car, souvent marginalisé dans la répartition équitable du budget commun, le sport tchadien peine à se relever, malgré l’attention que semblent lui porter le chef du gouvernement et le président de la république. Toutefois, si refondation il y a, elle doit commencer par la pose des premiers jalons des actions retenues.

Dans ce début du 1er quinquennat de cette 5ème république, le ministre des sports, que beaucoup de commentaires louent : son écoute, son réalisme et sa démarche pragmatique, doit savoir que le haut niveau ne se décrète pas, même pour ceux qui prétendent le connaitre pour l’avoir pratiqué. Il doit se méfier de ces spécialistes qui font croire aux exploits sportifs faciles, lesquels pourraient être portés à l’actif du président de la république.

Le ministre MAIDE HAMIT LONY gagnerait à mettre en œuvre quelques actions retenues par le chef de l’état. Car, c’est sur leurs résultats que le comité interministériel, mise en place par le 1er ministre le 14 avril 2025, pourra le suivre et l’évaluer. Maintenant que la FTFA vient de se doter d’un exécutif élu, il serait plus sage de la mettre devant ses responsabilités et la laisser gérer ses affaires, comme stipulent les statuts de la FIFA. Le ministère des sports peut l’accompagner à travers le contrat d’objectif qu’il aura signé avec elle, mais ne plus faire à la place, comme précédemment.

Le nouvel exécutif de la FTFA, élu sur un programme de 11 chantiers, est déjà à pied d’œuvre. Son président, M. TAHIR OLOY HASSAN, déclare dans sa profession de foi, que : « la renaissance du football tchadien nécessite une mobilisation active de toutes les parties prenantes, y compris le gouvernement, les clubs et les supporters, pour garantir un développement durable et inclusif du sport ». Des propos aux relents plus politiques que sportifs, un storytelling en quelque sorte.

Les acteurs et amoureux s’accordent tous à dire que le football tchadien est malade. Ce que la CAF et la FIFA n’ont pas l’air de percevoir. Le slogan de campagne du candidat TOH : tout droit au but,
rappelle celui d’un club de football français. Vu qu’il y est déjà depuis plus de 2 mois, le monde du football attend impatiemment de voir concrètement, la mise en œuvre des premières actions relatives aux 11 chantiers ci-dessous retenus:

  • 1) : réforme de la gouvernance,
  • 2) : réforme de la direction technique nationale,
  • 3) : création d’une direction de communication,
  • 4) : réforme des compétitions,
  • 5) : formation des formateurs,
  • 6) : remise à niveau des arbitres,
  • 7) : réforme des ligues provinciales,
  • 8) : réforme des clubs,
  • 9) : développement du football féminin,
  • 10 : réforme des équipes nationales,
  • 11) : mobilisation des ressources,

A y regarder de près, ce programme est élaboré, sans nul doute, avec le concours de la nouvelle technologie du numérique. Ce qui le rend plus attrayant et plus alléchant. Mais, le plus difficile sera : son adaptation à un environnement sportif très dégradé et de trouver les moyens financiers nécessaires à sa réalisation. Cela nécessite, en effet, « une mobilisation active de toutes les parties
prenantes », comme indiqué dans la profession de foi ci-dessus du candidat TOH.

Le président de la FTFA doit, pour ce faire, prendre son courage à deux mains et convier tous les acteurs à une grande réunion d’information et d’échanges. Celle-ci aura pour tâches principales, de donner une explication détaillée des chantiers et de déterminer ensemble les actions urgentes et immédiates à mettre en route. Une réunion qui permettra aussi, de dégager ensemble, un large consensus autour des 6 réformes qui constituent l’essentiel de ce programme. Logiquement, la qualification des SAO, encore possible pour certains, ne peut plus être une urgence.

Car, après avoir livré 5 matchs sur 9 prévus, sans marquer un seul point au tableau d’affichage, il est illusoire de croire encore les SAO se qualifier dans ce groupe I. Il faut donc admettre que c’est fini
l’espoir pour cette coupe du monde 2026. Le football tchadien doit se tourné vers les prochaines éditions de la CAN 2027 et du mondial 2030. Un objectif qui cadre bien avec la vision du président MAHAMAT IDRISS DEBY ITINO, d’accueillir l’organisation de la CAN à l’horizon 2030.

Le recrutement annoncé d’un entraineur ne se justifie plus dans l’immédiat. Le mieux est de confier la gestion des matchs restant à la direction technique nationale, avec les moyens financiers prévus à
cet effet. Le DTN, M. MAHAMAT OUMAR YAYA, est l’un, si non le seul des entraineurs/instructeurs, nanti du diplômé professionnel FIFA/CAF.

Connaissant mieux les entraineurs tchadiens opérant au Tchad et à l’extérieur, il saura constituer un staff technique de mission, pour terminer les 4 matchs de cette dernière phase des éliminatoires. A charge pour la FTFA et le ministère des sports, de lui accorder les pleins pouvoirs et de le laisser conduire la mission à son terme.

Pour sa part, le ministre des sports profiterait de l’accalmi, pour se consacrer aux autres fédérations sportives qui ont d’énormes difficultés pour exister et mettre en œuvre leur programme d’actions et de développement. Avec le concours de ses services techniques compétents, il traduirait en politique opérationnelle les chantiers et actions prévues dans le programme politique du chef de l’état. Les
objectifs à atteindre seront inclus dans les critères de financement des contrats qu’il aura à signer avec les fédérations sportives nationales, olympiques et non olympiques.

La refondation tant prônée, comme celle du pays, dépendra d’abord et avant tout, de la volonté des plus hautes autorités de l’état et de la sincérité des engagements qu’elles prennent. Ce qui est urgent aujourd’hui pour le sport, c’est de : commencer par terminer les infrastructures sportives des provinces et de Ndjamena, restées en chantier ; libérer l’hippodrome et ce qui reste des terrains à
Kilep-Mat. Autrement, c’est bloquer toutes les initiatives. Le déroulement ces derniers jours, des épreuves physiques du baccalauréat de cette année sur les terrains de sport de la capitale, est non seulement déplorable mais honteux, pour un pays pétrolier qui aspire à être la vitrine de l’Afrique.

Précision utile : cet article, comme tant d’autres écrits et publiés jusque-là, n’est qu’une contribution gratuite et citoyenne, pour aider le sport tchadien. Il n’a pas pour objet, comme certains peuvent le croire, de solliciter ou attendre quoi que ce soit, de qui que ce soit, auprès de quelque institution et autorité que ce soit. Que cela soit compris, une fois pour toute.

BANGALI DAOUDA Boukar
Bureau d’Etude et Conseils en Sport

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